SAWT BEIRUT INTERNATIONAL

| 2 April 2023, Sunday |

Après le séisme en Syrie…Des attentes négatives pour la Banque mondiale et des milliards de pertes

La Banque mondiale a révélé dans son dernier rapport que le séisme qui a frappé la Syrie le 6 février a eu des répercussions négatives importantes sur l’économie en difficulté, avec une contraction du produit intérieur brut syrien de 2,3 points de pourcentage.

Dans son rapport, la Banque mondiale a estimé les dégâts matériels à 3,7 milliards de dollars et les pertes à 1,5 milliard de dollars après le séisme dévastateur, notant que les besoins en matière de redressement et de reconstruction sont estimés à 7,9 milliards de dollars sur trois ans.

Le rapport indique que le PIB réel de la Syrie devrait se contracter de 5,5 % en 2023 à la suite des deux séismes qui ont frappé les régions du nord et de l’ouest du pays les 6 et 20 février.

Compte tenu des ressources publiques limitées, de la faiblesse des investissements privés et de l’absence d’aide humanitaire dans les zones touchées, la croissance économique pourrait encore se contracter si les travaux de reconstruction ralentissent, selon le communiqué publié par la Banque mondiale.

Selon le rapport d’évaluation rapide des dommages et des besoins résultant du séisme en Syrie pour l’année 2023, les dommages matériels résultant du séisme sont estimés à 3,7 milliards de dollars, tandis que les pertes sont estimées à 1,5 milliard de dollars, ce qui porte la valeur totale des dommages et des pertes à 5,2 milliards de dollars.

Les pertes représentent une diminution de la production dans les secteurs productifs, une diminution des revenus et une augmentation des coûts d’exploitation dans la fourniture de services. Le secteur du logement arrive en tête des secteurs touchés (24 % du total des dommages), suivi par les secteurs du transport et de l’environnement (en raison des coûts liés à l’enlèvement des décombres) et de l’agriculture, selon le communiqué.

En termes de pertes, c’est le secteur agricole qui a subi le plus de dommages, les approvisionnements alimentaires ayant diminué de 1,3 milliard de dollars (83 % des pertes totales).

Le gouvernorat d’Alep a subi le plus de dommages (44 % du total des dommages, principalement dans le secteur du logement et de l’agriculture), suivi par le gouvernorat d’Idlib (21 %).

La ville d’Alep est également en tête de liste des villes les plus touchées, avec une part d’environ 60 % du total des dommages, suivie par Lattaquié (12 %) et Azaz (10 %), selon la Banque mondiale.

La contraction du PIB réel de la Syrie devrait augmenter de 2,3 points de pourcentage en 2023 en raison du séisme, en plus d’une contraction précédemment prévue de 3,2 points de pourcentage pour l’année 2023 (selon l’Observatoire économique de la Syrie – Hiver 2022/2023), selon le communiqué.

La Banque mondiale prévoit que le taux d’inflation augmentera fortement en Syrie, principalement en raison de la pénurie de produits de base disponibles, de l’augmentation des coûts de transport et de l’augmentation de la demande globale de matériaux de reconstruction.

Le communiqué précise que « le conflit en Syrie, qui est entré dans sa douzième année, a exacerbé les vulnérabilités dont souffre la population face aux crises et aux catastrophes naturelles. Le séisme a provoqué une grave détérioration de la situation humanitaire, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire et le danger que représentent les bâtiments résidentiels. Les segments vulnérables de la population, tels que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées, ainsi que les pauvres, ont été durement touchés. Les zones touchées par le séisme abritent environ 3 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, soit 50 % du nombre total de personnes déplacées en Syrie, qui sont déjà confrontées à de graves difficultés dans leurs conditions de vie. »

C’est pourquoi Jean-Christophe Carret, directeur régional du département Moyen-Orient de la Banque mondiale, a déclaré : « Le séisme qui a récemment frappé la Syrie exacerbe les terribles répercussions du conflit que vit le peuple syrien depuis 12 ans. La Banque mondiale espère que cette évaluation permettra de mettre les données relatives à cette catastrophe dévastatrice à la disposition des principales parties prenantes et contribuera à encourager les efforts de réponse de la communauté internationale ».

L’évaluation rapide estime à 7,9 milliards de dollars les besoins de financement pour la reconstruction et le redressement des six gouvernorats concernés, dont 3,7 milliards pour la première année suivant le séisme et 4,2 milliards pour les deux années suivantes.

Le rapport souligne que les efforts de réponse doivent donner la priorité aux besoins les plus urgents des communautés touchées, notamment en matière d’abris d’urgence, de nourriture, d’eau et de services de santé, au cours de la période de relèvement précoce (c’est-à-dire jusqu’à un an après le séisme).

Parallèlement, et au cours des deux prochaines années, les efforts doivent porter sur la reconstruction des infrastructures détruites et le rétablissement des services de base, ainsi que sur le soutien aux communautés touchées pour qu’elles retrouvent leurs moyens de subsistance et promeuvent leur développement durable, selon la déclaration.

Selon la Banque mondiale, l’évaluation rapide des dommages et des besoins couvre les six gouvernorats les plus touchés par le séisme, en plus d’une analyse approfondie de neuf villes : Alep, Harem, Jableh, Afrin, Dana, Jenderes, Azaz, Sarmada et Lattaquié.

L’évaluation rapide des dommages et des besoins résultant du séisme fait suite à une première évaluation menée par la Banque mondiale sous le titre de Syria Comprehensive Rapid Post-Disaster Damage Assessment, qui estimait les dommages physiques directs initiaux en Syrie entre 2,7 et 7,9 milliards de dollars.

    la source :
  • Alhurra