Le secrétaire d'État américain Antony Blinken
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé en Turquie dimanche pour une visite officielle au cours de laquelle il discutera de la manière dont Washington peut apporter une aide accrue à Ankara, qui doit faire face aux conséquences du séisme dévastateur qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Un séisme de magnitude 7,8 a secoué le sud-est de la Turquie et la Syrie voisine le 6 février, tuant plus de 45 000 personnes et déplaçant plus d’un million d’autres, avec un coût économique estimé à des milliards de dollars.
Les discussions de Blinken en Turquie seront également au premier plan des efforts hésitants de la Suède et de la Finlande pour rejoindre l’OTAN, que la Turquie a jusqu’à présent refusé de ratifier, affirmant que Stockholm en particulier donne refuge à ce qu’Ankara décrit comme des membres de groupes terroristes. Ankara a récemment indiqué qu’elle n’accepterait que la Finlande.
Blinken est arrivé dimanche après-midi à la base aérienne d’Incirlik, dans la province méridionale d’Adana, et effectuera un tour en hélicoptère avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, afin d’inspecter la zone touchée par le séisme. Blinken devrait avoir d’autres entretiens bilatéraux avec Cavusoglu lundi.
Selon des sources informées, Blinken devrait également rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Depuis la catastrophe, les États-Unis ont envoyé une équipe de recherche et de sauvetage en Turquie, des fournitures médicales, du matériel de concassage du béton et 85 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire, couvrant également la Syrie.
Les premières visites de Blinken en Turquie étaient prévues depuis un certain temps, mais elles interviennent deux ans après son entrée en fonction, ce qui contraste fortement avec certains secrétaires d’État précédents qui se sont rendus en Turquie dans les trois premiers mois de leur mandat, notamment Hillary Clinton et Rex Tillerson.
Selon les analystes, ce retard témoigne des relations tendues entre les deux pays, qui se sont notamment détériorées depuis 2019, date à laquelle Ankara a acquis des systèmes de défense antimissile russes.
Selon les experts, bien que les États-Unis aient félicité la Turquie pour certaines de ses actions lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ils restent préoccupés par sa relation étroite avec Moscou.
Une impasse à l’OTAN
L’année dernière, la Suède et la Finlande ont demandé à adhérer à l’OTAN après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais elles se sont heurtées à des objections inattendues de la part de la Turquie et cherchent depuis lors à obtenir son soutien.
Ankara souhaite notamment qu’Helsinki et Stockholm adoptent une ligne plus dure contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), que la Turquie et l’Union européenne considèrent comme un groupe terroriste, et contre un autre groupe qu’elle tient pour responsable de la tentative de coup d’État de 2016.
Erdogan a déclaré le mois dernier qu’il était seulement disposé à ratifier la demande d’Helsinki.
Les efforts d’adhésion sont liés au désir de la Turquie d’acheter des chasseurs F-16 fabriqués aux États-Unis. Le Congrès s’est opposé à la vente de chasseurs américains à la Turquie, à moins qu’Ankara ne donne le feu vert au processus d’adhésion de la Scandinavie.
Le sénateur démocrate Chris Van Hollen a exprimé son soutien samedi, affirmant que permettre à la seule Finlande de rejoindre l’alliance ne serait pas suffisant.
« Il n’y aura pas de transfert des F-16 si Erdogan continue de refuser que la Finlande et la Suède rejoignent l’alliance », a déclaré Van Hollen dans une interview.
L’administration du président américain Joe Biden a annoncé à plusieurs reprises qu’elle soutenait la vente de chasseurs à la Turquie. Tout en s’abstenant de lier les deux questions, l’administration Biden a reconnu que l’approbation de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN aurait un effet positif sur les membres du Congrès.
La Turquie a exprimé sa frustration quant au lien entre les deux questions. Ibrahim Kalin, le principal conseiller en politique étrangère d’Erdogan, a déclaré le mois dernier qu’il espérait que l’accord sur les F-16 ne deviendrait pas un « otage » de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.